Quiproquo - (n.m.) malentendu qui mène souvent à des situations intéressantes • avec Ben

Loki grimaça lorsque la lame lui entailla la cuisse et manqua de perdre l’équilibre un instant, avant de se reprendre et de frapper son agresseur avec le pommeau de son poignard. Si le grand roux grogna, ses coups ne parurent pas faiblir pour autant. Loki prit même conscience qu’il venait de faire une erreur quand une main puissante le souleva du sol et le maintint en l’air, le privant d’oxygène. Même si ce retour eut pour mérite de réveiller chez lui un souvenir de guerre, il ne se laissa pas déconcerter et frappa du pied le voleur au plexus solaire, lui coupant brusquement le souffle, et retomba sur le pont de bois avec souplesse. Profitant de l’instant de faiblesse de son adversaire, il le poussa avec force contre la rambarde branlante, qui céda dans un grincement sinistre, et Loki s’apprêta à fêter sa victoire quand il se vit basculer par-dessus bord tandis que le pirate l’entraînait dans sa chute. Il percuta alors l’eau cristalline, puis tout devint noir.

Le dieu de la ruse se retint d’hurler et lâcha l’appareil sur ses genoux afin éviter de commettre un acte qu’il regretterait plus tard. Il battit rapidement des paupières dans l’espoir de dissiper la tension qu’il sentait naître dans ses tempes et jeta un oeil à la grande horloge qui lui faisait face. Il semblerait qu’il venait de passer les cinq dernières heures à jouer avec cette console qu’il avait « empruntée » à un passant sur le chemin du centre commercial. A l’origine, il était venu pour trouver des idées de livres à lire, puis il avait décidé de s’asseoir quelques minutes pour découvrir les jeux que contenait l’appareil ; et le revoilà, plusieurs heures après, le postérieur engourdi à cause de sa position inconfortable sur le carrelage et le regard endormi. Est-ce qu’il le regrettait ? Probablement, mais il agirait tout de même de la même façon s’il on lui en donnait le choix.
Depuis son arrivée à Virtualcreed, Loki avait une doctrine stricte concernant les regrets: il lui était interdit d’être nostalgique et, s’il devait apprendre de ses erreurs, il ne fallait pas qu’elles lui accaparassent l’esprit pour autant. En ce qui concernait le futur, il choisissait de ne rien attendre de lui: il pouvait alors être agréablement surpris, mais jamais déçu. Ceci lui semblait être une bonne philosophie, qui semblait simple en théorie - il ne restait plus qu’à tester la pratique. Cette séance de jeu en était finalement un bon exemple.
Cette séance, toutefois, n’était pas achevée car sa défaite laissait à Loki un goût amer, et il refusait de s’arrêter là. Ignorant les protestations de ses pouces endoloris et redressant son casque à cornes courtes qui lui glissait sur le front, il reprit sa partie en s’accordant deux heures supplémentaires de jeu. Dépassé ce délai, s’il n’avait pas atteint ses objectifs, il serait obligé de s’admettre vaincu. Etre sage ne signifiait-il pas savoir choisir ses batailles ?
De nouveau plongé dans son jeu, il fronçait les sourcils en réfléchissant à une tactique pour battre son adversaire quand il sentit une présence proche de lui ; il l’ignora néanmoins car il savait qu’elle n’interagirait pas avec lui. En effet, en même temps qu’il jouait, il maintenait sur sa personne un sort pour qu’il passât inaperçu aux yeux des passants. Cela lui permettait de ne pas être remarqué par la sécurité, qui le chasserait probablement si elle le repérait car il passerait pour un voyou, assis en tailleur contre un mur entre deux boutiques.
Confiant dans ses capacités, Loki sursauta donc lorsqu’il entendit la personne s’adresser à lui:

« Five, c’est toi ? »

Après avoir mis sa partie sur pause, l’asgardien reporta son attention sur cet élément perturbateur en plissant les yeux. Peut-être aurait dû-t-il vérifier que son sort était toujours en place avant de jouer.

« Je vous demande pardon ? »

He's alive, he's alive

Tout était noir, Ben commençait à sentir ses muscles se raidir mais surtout s'affaiblir. Sa tête tournait, le jeune homme ne pouvait plus rester debout et tomba au sol. Cette sensation si étrange, il avait déjà ressentit avant, lorsqu'il était encore vivant. Ben réussit à réfléchir malgré les sifflements incessants qui parvenaient à ses oreilles, cela ne pouvait pas être ça, et pourtant quand Ben prit une inspiration et tout alla mieux.

Tout de suite après cette action le cerveau de numéro six reprit ses réflexes respiratoires par lui-même laissant son propriétaire complètement perplexe. Toujours au sol ce dernier commençait à ressentir sa chaleur à tous les endroits nus de son corps. Une odeur nauséabonde avait entamé un chemin vers ses narines ce qui le fit grimacer un peu. Et ce fut après cela qu'il décida d'enfin ouvrir les yeux. Sa première vision fut ce ciel bleu dépourvu de nuage, il tourna la tête de façon frénétique et comprit qu'il était dans un petit chemin entre deux bâtiments où l'on pouvait trouver la benne à ordure d'un d'entre eux. Ben était perdu, la petite hypothèse qui trottait dans sa tête depuis quelques minutes devenait de plus en plus crédible. Il était revenu à la vie. Ben s'assit pour mettre ses poings vers le ciel en signe de victoire. Un sourire béant symbole de toute de sa joie était scotché à son visage. Numéro six ne savait pas quoi faire d'autre, il était en vie. Des années à rêver de cela, de ressentir quelque chose, de ne pas être juste spectateur de pouvoir agir à nouveau. Des millions d'idées lui vinrent très vite à son esprit: manger des tacos, prendre un bon bain, sauter en parachute, chanter "Alive" sur la place tellement de possibilité s'offrait à lui. Néanmoins, sa priorité revint , il devait trouver sa famille. Il s'appuya sur deux mains pour se relever, se retroussa la manche car il faisait un peu chaud et décida de partir à leur recherche.

Des heures passèrent, Ben se rendu bien compte qu'il n'était pas dans sa ville d'origine, tout était différent, les magasins, les gens, les rues rien ne concordait avec ce qu'il avait connu. Il errait ayant perdu tout espoir de retrouver les siens, les yeux cloués au sol scrutant les nombreuses ordures, crachats ou excréments d'animaux qu'il le jonchait. L'ancien super héro n'avait plus de but précis, si c'était pour rester loin de sa famille il aurait très bien pu rester mort. Il n'y avait ni tristesse, ni joie dans son regard, il n'y avait rien. Alors qu'il marchait dans la rue sans trop savoir qu'elle pourrait être la prochaine étape, une enseigne lumineuse se mit à agresser sa cornée. Il releva la tête, "Emporium" y était inscrit. Le propriétaire de cet endroit devait avoir mauvais goût car Ben trouvait cet enseigne très moche, il y avait une couleur différente pour chaque lettre et il n'y avait aucune harmonie entre elle. Le jeune homme décida quand même d'y entrer en traînant les pieds. Ben ne fit pas attention à ce qu'il entourait, il marchait juste le regard vide. Il ne savait pas pourquoi il était là, pourquoi il était revenu d'entres les morts pour vivre cet enfer? Il n'écoutait pas l'appel de ses pieds qui hurlaient de douleur tant ils avaient été utilisé toute la journée. Mais alors qu'il avait perdu tout espoir, une petite tête brune assise en tailleur lui en redonna. Ben le reconnu sur le coup et utilisa ses dernières forces pour courir vers lui.

« Five c’est toi ? »

Il avait prononcé ces mots en haletant un peu asseyant de retrouver son souffle. L’ancien super héro n’entendu pas la réponse de son interlocuteur trop occupé à se mettre à genou pour pouvoir se mettre à son niveau et à le prendre dans ses bras.

Codage par Libella sur Graphiorum